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Millennials suisses: Grandir dans un monde qui ne cesse de se transformer les rend pessimistes et moins confiants

Dans un monde en pleine mutation, les Millennials (ou les Gen Y, en référence à la période à laquelle ils sont nés) sont relativement déçus par les institutions traditionnelles. Ils doutent des motivations des entreprises et restent sceptiques quant aux progrès sociaux et économiques. C’est ce qui ressort de l’étude Deloitte 2019 sur les Millennials. Ce rapport est basé sur l’opinion de 13’416 jeunes de 42 pays âgés de 24 à 35 ans. En Suisse, 319 Gen Y ont participé. D’un côté, les Millennials semblent circonspects à l’égard du monde et de la place qu’ils peuvent y occuper. De l’autre, bon nombre d’entre eux restent optimistes et s’appuient sur leurs valeurs, que ce soit en tant que consommateurs ou qu’employés.

Ce n’est pas uniquement une question d’argent
Contrairement aux générations précédentes, les Gen Y suisses accordent plus d’importance à l’expérience qu’au fait de gagner un salaire élevé. Un sentiment partagé par les Gen Y d’autres pays développés. Voyager et voir le monde figurent ainsi en tête des aspirations (61%) en Suisse, et fonder une famille arrive en deuxième position avec 47%. Et si 52% des personnes interrogées au niveau international cherchent à gagner un salaire élevé et à être riches, seuls 42% des répondants suisses ont le même désir. Cette différence peut sans doute s’expliquer par le haut niveau de prospérité en Suisse qui se reflète dans un salaire moyen élevé et un faible taux de chômage.

Faible degré d’optimisme des Gen Y
Bien que les Millennials suisses soient relativement satisfaits de leur vie, le pessimisme est assez répandu. L’optimisme économique est non seulement à un niveau historiquement bas, mais il est aussi plus bas que dans la plupart des autres pays. Seules 14% des personnes interrogées (31% l’an dernier) déclarent que la situation économique en Suisse va s’améliorer au cours des douze prochains mois, contre 26% pour l’ensemble des répondants au niveau international. Une tendance similaire se dégage en matière d’opinions politiques. Seuls 16% des Gen Y suisses s’attendent à ce que la situation sociale et politique s’améliore au cours des douze prochains mois, contre 22% pour l’ensemble des répondants au niveau international.

Une préoccupation croissante face au changement climatique
Le changement climatique est une autre raison possible au pessimisme des Gen Y en Suisse: 40% des répondants se sentent personnellement concernés par la protection de l’environnement qui est, de loin, leur préoccupation phare en 2019. Les questions traditionnellement importantes telles que le chômage (16%), l’immigration (11%) ou la croissance économique (7%) sont quant à elles reléguées loin derrière.

Dans ce contexte d’inquiétude face au changement climatique, de nombreux Millennials suisses exigent des entreprises qu’elles aient un impact plus durable. 43% des répondants ont ainsi noué ou renforcé une relation avec une entreprise parce qu’ils considèrent que les produits ou services qu’elle propose ont un impact positif sur l’environnement ou la société.

Suisse: la réputation des chefs d’entreprise est moins bonne que celle des politiciens
Selon 68% des répondants suisses (73% au niveau international), les dirigeants politiques n’ont pas une influence positive sur le monde. Ils sont 64% (54% au niveau international) à dire la même chose des chefs d’entreprise. De plus, seuls 16% des Millennials suisses (10% au niveau international) ont indiqué avoir une «grande confiance» dans les dirigeants politiques, et 14% (15% au niveau international) dans les chefs d’entreprise.

Paysage médiatique et technologique en évolution
La communication directe semble être le meilleur moyen de rétablir la confiance, étant donné que de nombreux jeunes se méfient des médias traditionnels et entretiennent des relations conflictuelles avec les réseaux sociaux. 48% des répondants trouvent en effet que les médias traditionnels ont un impact négatif sur le monde, et 25% d’entre eux n’ont «aucune confiance» dans les médias en tant que source d’information fiable. Les résultats sont très similaires en Suisse et au niveau international.

Interrogés sur la façon dont ils utilisent leurs appareils numériques et les réseaux sociaux, 56% des Millennials suisses (71% au niveau international) ont indiqué avoir une opinion plutôt positive ou très positive. 61% considèrent qu’ils seraient plus heureux et 59% qu’ils seraient en meilleure santé physique s’ils réduisaient le temps qu’ils passent sur les réseaux sociaux. Et une majorité nette de 60% pensent que les réseaux sociaux font plus de mal que de bien.

Problèmes liés à la confidentialité et à la cybersécurité
76% des personnes interrogées en Suisse s’inquiètent de la façon dont les entreprises obtiennent leurs données personnelles. Ils sont 58% à penser que les réseaux sociaux doivent faire davantage d’efforts pour protéger les données de leurs abonnés et améliorer la sécurité en ligne. Pour autant, 43% pensent cette responsabilité devrait également revenir à tout un chacun.

«Les entreprises qui vendent des produits et des services aux Millennials devront améliorer leur réputation parce ces derniers consomment de façon réfléchie. De plus, les Gen Y sont partagés quant au rôle de la technologie et ils se tournent vers les entreprises afin qu’elles les aident à s’adapter à la nouvelle normalité. En parallèle, afin d’attirer et de retenir les jeunes employés, les entreprises doivent renforcer leurs initiatives en matière de diversité et d’inclusion et trouver de nouveaux moyens d’intégrer ces générations à des programmes d’impact sociétal. Elles doivent également mettre l’accent sur la reconversion et la formation de la jeune génération afin de la préparer à l’industrie 4.0», conclut Reto Savoia.

Victoria Marchand

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